La réglementation impose à un journal un contenu rédactionnel minimal du tiers de sa pagination pour qu'il bénéficie d'un routage à très bas prix, selon des dispositions concernant exclusivement les organes de presse.
Un certain nombre de journaux calculent au plus juste ce rapport, et ont donc en publicité un contenu égal à 66% de leur pagination.
Or ces tarifs préférentiels sont basés sur le poids des exemplaires.
Par conséquent un journal qui draine de gros budgets publicitaires et pagine à 66% de pub se voit largement favorisé par ce mode de calcul : non seulement il engrange de fortes recettes publicitaires mais il est beaucoup plus aidé dans sa diffusion qu'un journal aux recettes publicitaires plus minces, et à la "masse papier" plus faible.
66% de pub, c'est 66% de "non rédaction", et peut-être 66% de journalistes en moins et de charges économisées : on ne donne pas de prime au sens, au travail, à l'investigation, à la connaissance... mais l'on donne beaucoup à la pub.
Est-ce justice ?
Les "antipub" ont-ils examiné cet état de fait ?
jcm
Pour avoir longtemps taffé dans la presse (et la pub) ces 66% me semblent une rêgle (non admise et) peu pratiquée. De toi à moi (et je m'interroge à ce sujet ces temps-ci) l'absence d'esprit d'investigation est il à mettre à bon compte sur le dos d'un système qui - pour une fois - n'y est peut-être pour rien, ou sur le seul fait d'un état d'esprit pantouflard (national) que l'absence d'investigation dans la blogosphère farnçaise met en exsègre, au-delà de tout organe de presse ? "De toi à moi", hein ;)
Rédigé par : Nico | 12 janvier 2006 à 21:50
La règle des 33% - 66% était la base même de la différenciation entre un catalogue de pub et un organe de presse et je n'ai pas connaissance que cela ait changé.
Sinon les entreprises de presse seraient sollicitées pour publier n'importe quel catalogue de pub afin que la distribution bénéficie des conditions préférentielles de la presse.
J'ai aussi travaillé dans la presse et crois-moi, Nico, nous portions une attention particulière à ce rapport 33/66 car une fois imprimé un numéro est (était) envoyé en 4 exemplaires (obligatoire) aux services postaux qui vérifiaient avec grand soin que les clauses étaient respectées, et qu'un article ne soit pas en fait un publi-reportage déguisé par exemple, ce qui pourrait donner un taux de pub supérieur à 66% dans certains cas.
Et ce n'est qu'après cette vérification pointilleuse que ce numéro devenait ou non éligible aux tarifs préférentiels, avec des implications financières non négligeables.
Pour ce qui est de l'esprit d'investigation, en effet il me semble généralement assez faible en bien des milieux, et même dans des sphères d'expertise reconnues.
Je n'en prendrai qu'un exemple, sur un sujet que j'ai abordé, les biocarburants.
"L’Institut français des relations internationales (Ifri) est l’un des principaux centres indépendants européens de recherche, de rencontres et de débat sur les questions internationales." lit-on sur leur site.
L'IFRI a publié une étude sur les biocarburants : elle est assez incomplète et ressemble à une compilation assez orientée de ce que l'on peut lire un peu partout venant de certains auteurs proches à la fois du gouvernement et de certains lobbies.
Une bonne investigation, de la part d'un institut de recherche reconnu, aurait consisté à faire un tour approfondi de la question en partant de la thermodynamique, c'est à dire en tenant compte des rendements comparés des différentes solutions possibles, et en comparant les rendements que l'on peut espérer de la biomasse dans différentes applications : chauffage de locaux, chauffage de processus industriels, biocarburants.... ce qui permettrait de savoir si l'idée d'utiliser des biocarburants automobiles est véritablement défendable ou s'il ne serait pas préférable de se passer totalement de biocarburants pour utiliser la biomasse uniquement dans des processus industriels (par exemple) avec à la clef un rendement énergétique global supérieur (donc un meilleur résultat en terme d'émission de gaz à effet de serre et en terme d'importation d'énergies fossiles).
Voir : http://activart.com/notre-monde/quels-biocarburants.php
et le lien "Cultures bioénergétiques" dans la section "Perspectives".
Or, quel que soit le sujet abordé, seule une investigation approfondie peut fournir une orientation d'une fiabilité correcte.
Pour ce qui est des casseurs de pub, je ne sais quelles ont été leurs investigation dans ce domaine de la presse mais il me semble que la tarification des routages pose bien autant de questions que les panneaux d'affichage disséminés dans nos villes et campagnes.
Rédigé par : jcm | 13 janvier 2006 à 08:05