Reporters sans frontières a publié, le 6 janvier, six propositions concrètes pour garantir que les entreprises du secteur d’Internet respectent la liberté d’expression lorsqu’elles opèrent dans des pays répressifs. L’organisation appelle les bloggers et les internautes à signer une pétition en ligne pour apporter leur soutien à cette initiative. Ces recommandations et la liste des pétitionnaires seront adressées au gouvernement et aux élus américains, car toutes les entreprises mises en cause dans ce document sont basées aux Etats-unis. Elles concernent toutefois l’ensemble des pays démocratiques et seront ainsi transmises également au secrétaire général de l’OCDE et aux responsables de l’Union européenne.
Reporters sans frontières a dénoncé, à plusieurs reprises, le fourvoiement éthique de certaines entreprises du secteur de l’Internet lorsqu’elles opèrent dans des pays répressifs. Voici quelques exemples qui nous préoccupent particulièrement :
- Yahoo ! accepte depuis 2002 de censurer les résultats de la version chinoise de son moteur de recherche, selon une blacklist fournie par les autorités de Pékin. Reporters sans frontières a par ailleurs récemment prouvé que cette entreprise avait aidé la police chinoise à identifier puis à condamner un journaliste qui critiquait les atteintes aux droits de l’homme dans son pays. Les serveurs d’e-mails de la branche chinoise de Yahoo ! sont basés en Chine.
- Microsoft censure la version chinoise de son outil de blog, MSN spaces. Sur cet outil, il est impossible de taper les mots "démocratie" ou "droits de l’homme en Chine", qui sont automatiquement rejetés par le système. Cette entreprise a par ailleurs procédé à la fermeture du blog d’un journaliste chinois suite à des pressions de la part du gouvernement de Pékin. Ce blog était hébergé sur des serveurs basés aux Etats-Unis.
- Google a retiré de la version chinoise de son outil de recherche d’actualité, Google News, toutes les sources d’informations censurées dans le pays.
- Secure Computing a vendu à la Tunisie la technologie qui lui permet de censurer les sites d’information indépendants, dont celui de Reporters sans frontières.
- Fortinet a vendu à la Birmanie le même type de logiciel.
- Cisco Systems a commercialisé des équipements spécifiquement conçus pour faciliter le travail de surveillance des communications de la police chinoise. Cette entreprise est également soupçonnée d’avoir formé des ingénieurs chinois à l’utilisation de ses produits pour censurer Internet. Nous estimons que ces pratiques portent atteinte à la liberté d’expression telle que définie par l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, un texte fondateur des Nations unies censé s’appliquer à tous, y compris aux entités commerciales. En outre, de tels fourvoiements éthiques de la part d’entreprises américaines ternissent l’image des Etats-Unis à l’étranger.
Reporters sans frontières a choisi de segmenter ses recommandations en fonction du type de service ou d’équipement commercialisé.
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