Le système-monde est devenu un lieu de rupture et de réaménagement de l'espace géographique en zones de libre-échange socioéconomiques que l'homme doit articuler ; il lui faut donc construire de nouveaux modèles démocratiques, une nouvelle ingénierie de l'*être ensemble* capable d'assurer un demain plus généreux. Ce défi n'est pas uniquement le nôtre mais celui de toutes les populations du monde soumises actuellement au modèle d'une seule manière d'être au monde. Rien n'est écrit, rien n'est décidé. Nous entrons dans une ère de réflexion et d'acquisition de sagesse qui dépend de notre connaissance des mécanismes et de règles qui émergent. Le danger ne vient pas tant de la perception d'un monde qui n'a que le profit comme mesure, mais du fait que ces forces développent un tissu social constitué de consommateurs *isolés *les uns des autres dans une structure formée uniquement de marchés. Cette atomisation du tissu social est antidémocratique. Perdu dans cet océan de forces, l'individu a besoin de points d'ancrage : sa famille, ses groupes d'intérêts et l'État sont les relais opérationnels où s'exprime la solidarité, base du développement durable. L'autre handicap est la nature même des matériaux utilisés : l'information. Le développement d'une nouvelle démocratie passe par la maîtrise du même outil qu'utilisent les mégamajors, l'Internet.Il faut soustraire l'information à la seule emprise de ces forces réductrices. Il ne faut pas leur laisser le soin de *simplifier *le traitement de l'information ou de tarir ses sources sous prétexte de* faire des économies*. Notre avenir ne réside pas dans une plus grande quantité d'informations mais dans une plus grande quantité de leurs sources. Les citoyens doivent prendre la parole et, avec ce nouvel outil, retricoter le tissu social grâce à une intelligence répartie, tout comme l'intelligence d'un individu utilise un ensemble de régions cérébrales pour accomplir son travail. L'Internet peut aider les citoyens à construire un espace public multipalier, devenant ainsi un moyen de conscientisation à la nouvelle société et permettant de participer à la vie culturelle et publique ; à tous les paliers, la démocratie a besoin de médiations techniques. Il faut mettre en place une infrastructure et des méthodologies qui permettent d'acquérir et de partager de l'expérience et du savoir-faire.
Michel Cartier.
Source de l'information : site internet de Michel Cartier.
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