Il est passé presque inaperçu. Pourtant, ce texte est un programme proprement révolutionnaire. La mission parlementaire sur l’effet de serre vient de présenter un rapport sur les conséquences du changement climatique. Dans un magnifique consensus politique, les députés Jean-Yves Le Déaut (PS) et Nathalie Kosciusko-Morizet (UMP) proposent notamment la création du Taxe sur la valeur écologique (TVE), destinée à décourager les comportements polluants, et en particulier les émissions de gaz à effet de serre. « Nous sommes tous d’accord : le changement climatique est le défi majeur du XXIe siècle », disent les députés. Alors même que le message a du mal à percer dans l’opinion.
Politiquement incorrect
Ce rapport fait écho à un livre réjouissant, dont nous ne pouvons que recommander la lecture : « Leplain s’il vous plaît. La solution au problème de l’énergie ». Si ce livre était un programme électoral, ses auteurs, tous les deux polytechniciens, ne connaîtraient probablement jamais les ors de l’Elysée. Et pourtant, le style pédagogique et parfois potache (que Terra Economica ne renierait pas) de cette prose sert une thèse magistrale et rigoureusement argumentée, que nous résumerons au lance-pierre : qu’on le veuille ou non, que ce soit demain ou après-demain, le pétrole, c’est fini. Les lois mathématiques s’imposent à nous, inutile d’imaginer pouvoir les contourner. Dès lors, deux façons d’envisager l’avenir. La première : ne rien voir, rien entendre et surtout ne rien dire. Précipitons-nous joyeusement dans le mur.
Des pans entiers de l’économie menacés
La seconde : an-ti-ci-per. Nous préparer à un monde sans pétrole. Et à un monde dans lequel - la machine climatique menaçant de s’emballer à moyenne échéance - il serait de toute façon irresponsable de continuer à ne compter que sur les énergies fossiles, fortement émettrices de gaz à effet de serre. Comment anticiper ? C’est l’argument central du livre de Jancovici et Grandjean, qui tient en un terme douloureux et honni de la ménagère de moins de 50 ans : la taxe. Appliquée dès aujourd’hui aux énergies émettrices de gaz à effet de serre, elle irait croissant sur plusieurs années. Conséquence : les consommateurs, soucieux de préserver leur pouvoir d’achat, n’auraient d’autre solution que trouver des alternatives aux énergies polluantes. Des pans entiers de l’industrie devraient s’adapter. Mais, la taxe étant appliquée progressivement, ces industries disposeraient pour cela d’un peu de temps (une quinzaine d’années).
Les modes de consommation moins polluants (énergies vertes, produits locaux, agriculture biologique) deviendraient quant à eux moins coûteux, comparativement. Et les consommateurs deviendraient vertueux.
Cette thèse administrera certainement une crise d’urticaire aux pétroliers et à l’industrie automobile. Mais elle est réjouissante : c’est désormais à nous d’inventer le monde qui ira avec le changement climatique. L’Elysée c’est en 2007. Les députés ont déjà franchi un pas en proposant la taxe sur la valeur écologique. Mesdames et Messieurs les candidat(e)s à la présidentielle, oserez-vous ?
[source > Terra Economica / Walter Bouvais]
Les références du livre "Le plein s’il vous plaît"
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