« Etre téléspectateur et citoyen est devenu
incompatible. Ces dernières années, malgré les problèmes considérables
que le pays doit affronter et régler, les émissions de télévision
consacrées à la vie de notre démocratie et à l’action publique et aux
décisions politiques que la Nation doit assumer, ont connu une
évolution dangereuse.
« La disparition ou la relégation sur des cases horaires
ou sur des chaînes confidentielles des émissions destinées à éclairer
les citoyens dans leur choix, à les aider à participer aux grandes
décisions nationales et européennes, émissions pourtant nécessaires à
la vie démocratique de notre pays, a conduit peu à peu la plupart des
élus ou responsables politiques de ce pays à accepter de participer à
des émissions de « divertissement » diffusées à des heures de grande
écoute ou touchant un public plus vaste, où, il faut bien le dire, les
vraies questions touchant à l’état du Monde, de l’Europe et de la
France ne sont jamais abordées. L’acceptation de ce phénomène par
toutes les parties concernées a conduit à l’établissement d’une
situation qui n’est plus acceptable, pour ne pas dire dangereuse pour
la démocratie.
« Le résultat est en effet accablant : ne subsistent
désormais que des morceaux d’émissions politiques reléguées en fin de
journal de 20 heures, entre publicité et météo, de très rares émissions
spéciales à grand spectacle en période électorale, des rendez-vous plus
ou moins réguliers débutant peu avant minuit sur le service public, et
quelques émissions récurrentes sur des chaînes à vocation culturelle à
l’auditoire malheureusement restreint. La récente suppression
d’émissions régionales d’actualité sur une antenne dont c’est pourtant
la vocation, est la dernière preuve du désintérêt des télévisions pour
le débat public. Une majorité de citoyens français est ainsi privée de
son droit d’accès légitime à une information politique de qualité.
« A l’heure où notre pays connaît une crise de confiance
sans précédent avec son système politique, nul ne peut se satisfaire de
cette situation dégradante.
« Il est urgent de remédier à une situation qui ne
respecte pas les citoyens français, leurs élus et responsables
politiques et qui n’honore pas les chaînes de télévision elles-mêmes.
Nous demandons le retour aux heures de grande écoute sur les chaînes du
service public comme celles relevant du secteur privé d’émissions
politiques appropriées à la démocratie politique : émissions de débats
contradictoires et approfondis ; émissions respectueuses de ceux qui
s’y expriment et de ceux qui les regardent ; émissions représentatives
de tous les courants d’opinions de la Nation. Des émissions qui soient
dignes, enfin, des téléspectateurs et citoyens de ce pays.
« Nous saisissons le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel
afin qu’il rappelle toutes les chaînes à leurs obligations de service
public et nous lui demandons que soient appliquées en ce sens les
dispositions contenues dans les cahiers des charges et conventions des
chaînes hertziennes publiques et privées.
« Les citoyens ont besoin de politique, la télévision le
leur doit. Les élections de l’année prochaine et l’avenir du pays qui
en découle ne peuvent plus échapper aux citoyens soucieux d’être
éclairés dans leur choix. »
Cet appel pour une télévision au service de la démocratie, destiné à secouer
le CSA, a été lancé le 2 mai dernier, à l'initiative du député PS Arnaud Montebourg.
Après avoir été confronté à ses limites, Arnaud Montebourg met en cause la politique spectacle à la télévision. Avec sa décision
de boycotter les émissions de divertissement, il propose à ses
collègues parlementaires de faire de même pour contraindre le système
médiatique à évoluer.
Signé par
plusieurs parlementaires de toutes tendances (PS, PC, UDF, UMP), cet appel est proposé à la signature de
toutes celles et tous ceux qui en partageront l’esprit et la lettre.
Pour signer cet appel, rien de plus simple, il suffit d'aller ici. La liste des signataires est ici.
Le 10 mai 2006, les premiers députés et sénateurs* signataires sont : Jean-Marie Aubron (PS), Jean-Paul Bacquet (PS), Gérard Bapt (PS), Jacques Bascou (PS), Patrick Bloche (PS), Jean-Paul Chanteguet (PS), Michel Françaix (PS), Nathalie Gautier (PS), Alain Gouriou (PS), Georges Hage (PCF), Serge Janquin (PS), Jean-Christophe Lagarde (UDF), Jean Launay (PS), Thierry Lazaro (UMP), Gilbert Le Bris (PS), Jean-Yves Le Deaut (PS), Marylise Lebranchu (PS), Michel Lefait (PS), Jean-Claude Leroy (PS), Martine Lignieres-Cassou (PS), Lionel Luca (UMP), Philippe Martin (PS), Arnaud Montebourg (PS), Jacques Myard (UMP), Christian Paul (PS), Gérard Roujas* (PS), Pascal Terrasse (PS).
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