Ils ont pour prénom, André, Françoise, Farid, Leila,
Maurice, Franck et ils ont tous en commun d’avoir perdu leur travail en même
temps. Pour eux, les lumières et les décorations des fêtes de fin d’années
n’auront certainement l’aspect joyeusement niais que nous présentent les
journaux télévisés. Derrière ces prénoms, il y a des situations
différentes : CDI, CDD ou CNE. On ne les a pas gardés pour des raisons
similaires : Baisse d’activité, compression d’effectifs, remplacement par
un plus jeune, « embauche » d’un stagiaire, …
Entre le travailler plus de Nicolas SARKOZY et le
travailler différemment de Ségolène ROYAL, aucune réponse immédiate ou à moyen
terme ne sera apportée à leur problème. Retour ou découverte des ASSEDIC et à
l’ANPE pour tous.
Que peuvent nos politiques face à ce problème qui
contrairement aux grandes théories économiques et parfaitement concret ?
Si l’on en croit le programme de l’UMP, il faudrait
privilégier le travail. Explications : Pour augmenter le pouvoir d’achat,
il suffit de supprimer les 35 heures et permettre aux salariés de faire des
heures supplémentaires. Ce qui signifie que ceux qui ont un emploi
« pourront choisir » de travailler plus. Donc, création de poste
zéro.
Nicolas SARKOZY se propose de privilégier « ceux qui
se lèvent tôt » ce qui signifierait qu’il existe une France des courageux
et une des faignants ? Perdre son emploi et ne pas en trouver malgré des
heures et des jours de recherche vous classerait-il dans le clan de ceux qui
adoptent une attitude de rentiers ?
La candidate socialiste adepte de la flex sécurité chère
aux pays nordiques nous propose tout simplement d’apporter un filet de sécurité
qui n’est ni plus ni moins que l’institutionnalisation du chômage partagé mais
répartit (encore faudrait-il consacrer une part du budget de la nation aussi
importante que ces pays)
Quel est au fond le problème ?
La logique qui veut que l’inflation soit jugulée est une
bonne chose mais lorsqu’elle est portée par les banques centrales comme un dogme,
cela peut devenir dramatique. La lutte contre l’inflation impose que
l’augmentation des prix et salaires soit dans un premier temps contrôlée.
L’étape suivante consiste à ce que les prix diminuent pour permettre aux
salariés de continuer à consommer autant avec un salaire qui augmente peu ou
pas.
Comment réussir un tel tour de force ?
Voir baisser les prix pourrait indiquer que les
fournisseurs pratiquaient des marges tellement importantes qu’ils prenaient les
consommateurs pour des imbéciles. Ce n’est bine entendu quasiment jamais le
cas. En réalité, la production s’oriente vers des pays ou les coûts du travail
sont les moins élevés (délocalisations)
Il faut néanmoins noter qu’alors que la baisse du prix des
textiles (100% fabriqués en Chine) est de 15 à 20 % pour les consommateurs
britanniques, elle ne dépasse pas 2 % en moyenne en France. Etonnant non ?
Qui doit en ce cas payer l’addition ?
Les salariés sont, bien entendu, les seuls à subir ce
changement de donne au travers de remise en cause de leurs conditions de
travail ou en devenant des variables
d’ajustement.
Un salarié licencié pour cause de faible activité est
immédiatement ou à court terme un consommateur de moins ce qui entrainera sans
nul doute des ajustements dans d’autres entreprises.
Les organismes ou confédérations d’entrepreneurs proposent
comme à leur habitude une énième baisse des charges sociales, des concepts
nouveaux comme la « séparabilité » sans pour autant refuser les aides
massives à l’emploi.
En clair, rompre le pacte qui lie les salariés à leur
entreprise en sachant que le différentiel entre les conditions de travail et de
salaire avec les pays d’Asie est tellement important qu’une suppression des
charges et des licenciements sans indemnités ne changerait strictement rien.
Le capitalisme est-il en train de s'autodétruire ? demandent
Patrick ARTUS et Marie Paule VILLARD
« La question peut sembler saugrenue, voire provocatrice,
au moment même où les grandes entreprises de la planète, y compris en France,
affichent des profits insolents, rémunèrent très confortablement leurs
dirigeants et distribuent des dividendes records à leurs actionnaires... Alors
que la croissance économique - en Europe en tout cas - stagne, que les
délocalisations se multiplient et que chômage et précarité s'aggravent, on
comprend que le débat devienne vif sur la légitimité d'une telle captation de
richesses »
Quant à André, Françoise, Farid, Leila, Maurice et Franck, qu’ils se rassurent, les candidats à
la présidence de la république ont déjà dans leurs programmes mille et une
façon pour les escamoter dans les statistiques au travers de stages parking ou
de classification « grand âge » les dispensant de recherche d’emploi.
Ce semble être ces derniers temps le sort réservé aux variables d’ajustement.
Sources
Evene
Medef
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