Discussion avec quelques amis sur l'état du monde. Etonnant comme tous s'entendent sur le caractère global des grandes questions et, dans la phrase suivante, comme chacun reste local dans son approche : il semble que tout doive être résolu, en France, en français, depuis Paris, depuis chez soi…
Etonnant aussi, la prégnance des vieux modèles : les phénomènes qui nous troublent ou nous affectent -dérèglements climatiques, raréfaction à terme des matières premières et des sources d'énergie, démographie galopante et urbanisation incontrôlée, capitalisme total ou totalitaire...-, échappent, pour l'essentiel, au contrôle des nations et, bien sûr, des individus. Ils n’ont pas de coupables repérables, pas de visage.
Compte tenu de ça, les modèles anciens, celui de 1789, par exemple, ne tiennent pas. Les intellectuels, la bourgeoisie montante du XVIIIe siècle avaient à qui parler : ils pouvaient s'en prendre aux aristocrates ou au roi, dont ils ont fini par couper la tête.
Aujourd'hui, il n'y a pas de têtes à couper, pas d'autorités de proximité en capacité de contrôle. De Bush à Ben Laden, de Sarko à l'ouvrier chinois ou au paysan bengali, il n'y a que les serviteurs, les esclaves, plus ou moins bien dotés, d'un système dénué de centre, complexe, multi-facettes, en réseau, qui échappe à tout contrôle.
Ceux qui ont vocation à faire évoluer, à changer le monde, doivent réfléchir à partir de ce postulat : le vrai pouvoir n’a plus de centre, le vrai pouvoir, c’est le réseau. Changer le monde, ce n'est pas chercher à l'améliorer -il est sourd à la bonne volonté-, c’est changer le réseau. Ou le rendre inopérant. Ou en prendre le contrôle. Vaste programme.
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