Le G8 se réunit, en Allemagne, à Heiligendamm, du 6 au
8 juin 2007. Ce sera la trente-troisième fois, depuis 1975, que les
chefs d'État et de gouvernement des pays les plus riches et les plus
puissants du monde se rencontrent pour discuter ensemble des grands
problèmes.
Comment caractériser le G8 ? Ce n'est
pas un gouvernement mondial. Mais il ne faudrait pas pour autant en
déduire qu'il ne sert à rien et qu'il n'est qu'un simulacre. C'est un
« machin », une quasi-institution mondiale permanente, c'est le cercle
des dirigeants des pays dominants.
PLAN :
Dans
un premier temps, nous allons examiner en détail comment le G8 s'est
imposé comme le directoire de la mondialisation libérale.
Puis nous expliquerons pourquoi il est illégitime.
Nous présenterons ensuite brièvement le contexte du prochain sommet du G8, avant de développer les revendications d'Attac.
Enfin, nous présenterons les mobilisations prévues à l'occasion du prochain sommet du G8.
I - POURQUOI LE G8 PEUT-IL ETRE CONSIDERE COMME LE DIRECTOIRE DE LA MONDIALISATION LIBERALE ?
Revenons au commencement : pourquoi les grandes puissances ont elles ressenti la nécessité de créer le G8 ?
Les
prémisses du G8 datent de la crise, au début des années 1970, du
système monétaire international mis en place à Bretton Woods en 1944
(création du FMI et de la Banque mondiale, convertibilité en or du
dollar). La suppression unilatérale, par les Etats-Unis, de la
convertibilité en or du dollar en 1971 et les conséquences monétaires
qui suivirent révélèrent un manque de coordination internationale qui
contribua largement à l'institutionnalisation des relations entre pays
riches dans ce qui allait devenir le G8.
A
l'invitation de notre cher Valéry Giscard d'Estaing, une première
réunion eut lieu en France, à Rambouillet, en 1975. Ce fut une réunion
à 6 (Etats-Unis, Japon, Allemagne, Grande-Bretagne, Italie et France).
Puis des réunions suivirent annuellement, dans un pays membre différent
chaque année. On intégra le Canada en 1976 puis l'intégration de la
Russie en 1997 transforma le G7 en G8.
Au
départ, l'objectif du G8 était de permettre aux dirigeants de discuter
de leurs problèmes et de trouver des solutions à leurs conflits et à
leurs contradictions. Il s'agissait donc de trouver des accords entre
gens de bonne compagnie, si on peut qualifier ainsi les dirigeants du
monde ! De manière croissante au fil des années, les préoccupations
politiques ont fait leur entrée dans les communiqués du G7/G8, avec
notamment des déclarations aussi édifiantes que formelles d'attachement
à la « paix » et aux « valeurs démocratiques ». Mais l'objectif du G8
est bien de donner un caractère systématique, permanent, à la
coopération économique entre pays riches, par la tenue d'une réunion
annuelle au plus haut niveau, celui des chefs d'État ou de gouvernement.
Il
s'agissait tout d'abord de discuter de la récession des années 1970,
des crises monétaires et pétrolières. Au départ, la « nécessité de la
relance » est encore pleinement admise.
Mais, en 1979, la Réserve
fédérale américaine décide de hausser les taux d'intérêt, ce qui était
censé permettre de lutter contre l'inflation et de renforcer le dollar
afin de stopper sa dépréciation par rapport aux autres devises,
Le
G8 ne tarda pas à emboîter le pas. En juillet 1979, le sommet de Tokyo,
pour inaugurer l'arrivée au pouvoir de Ronald Reagan et de Margaret
Thatcher, décide alors de rompre avec la « stratégie » économique mise
en œuvre après le premier choc pétrolier de 1974. Il s'agit dorénavant
ne pas laisser repartir l'inflation et de veiller aux équilibres
extérieurs, c'est-à-dire de mener des politiques économiques
restrictives. Pour réagir au deuxième choc pétrolier de 1979, on décide
donc de de faire de l'emploi, une variable d'ajustement. Le prétexte du
pétrole est utilisé pour faire d'une pierre deux coups : redresser les
marges des entreprises face à l'augmentation des prix du brut ;
affaiblir le salariat par la compression des salaires et le chômage.
La
décision de la Fed, relayée par le G8, va transformer complètement le
cours des politiques. Dés lors, de nouvelles orientations économiques
s'imposent ; c'est la mise en avant de la politique monétariste, c'est
à dire faire de la lutte contre l'inflation l'objectif principal de la
politique économique, au détriment des autres objectifs comme le
plein-emploi. En France, cela de traduit par le « tournant de la
rigueur » en 1983, marqué notamment par la politique de désinflation
compétitive et la désindexation des salaires.
Le
G8 s'impose à partir de ce moment comme un vecteur majeur du
néolibéralisme mondialisé. D'autant que, 10 ans plus tard, avec la
chute du Mur de Berlin et la fin d'un monde bipolaire, sa capacité à
réunir les plus grandes puissances est renforcée.
Le rôle du G8 dans le pilotage de la mondialisation libérale
Le
G7/G8 n'est pas une organisation internationale, comme le sont le FMI
et la Banque mondiale. Il s'agit néanmoins d'un système assez structuré
et relativement sophistiqué. Le dispositif fondamental est la réunion
annuelle des chefs d'États et de gouvernement, qui souhaitent des
entretiens personnels à huis clos. Immédiatement au-dessous, vient le
second niveau, celui des ministres des Finances, des Affaires
étrangères et autres ministères (Commerce, Emploi, Environnement...).
Dans la pratique, ce qui est dénommé comme le « G7 Finances »,
réunissant les ministres des finances, fixe en grande partie la
« doctrine ». (« G7 » car la Russie n'y participe pas). À ces formes
officielles de représentation, s'ajoute un nombre considérable
d'experts et de « sherpas », les conseillers permanents issus de
l'entourage des responsables de l'exécutif, qui assurent le secrétariat
du G8 et travaillent les dossiers d'une année sur l'autre. Bien que
n'étant pas une organisation internationale, dotée d'une forte
bureaucratie, le G7 est donc loin d'être pour autant une coquille vide.
Certes
le G8 n'est pas une instance supérieure de pouvoir. Il ne s'impose pas
aux États et, particulièrement, aux gouvernements des pays qui le
constituent. Le pouvoir économique est encore moins subordonné au G8.
Mais aucune économie ne peut fonctionner sans régulation politique,
sans adaptation des cadres institutionnels et sans des instances qui
portent des visions stratégiques à long terme.
Dans
ce pilotage de la mondialisation néolibérale, si les autres
institutions internationales jouent évidemment un rôle majeur, le G8
les a constamment encouragé à amplifier la contre-révolution libérale.
Au
fil des années, la volonté d'accélérer les négociations du GATT puis de
l'OMC a été constamment réaffirmée dans les communiqués.
De même,
le G8 estime que le potentiel financier du FMI doit être accru et que
ses actions doivent être encouragées, non pas avec l'objectif
régulateur imaginé à sa création, mais avec celui d'assurer le
remboursement des dettes imposées aux pays, notamment ceux du Sud.
Il
décrit également de façon élogieuse les actions de l'OCDE,
l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE),
qui a joué un rôle clé dans l'affirmation de l'ordre néolibéral.
Si
le G8 affirme n'obéir à aucune idéologie, il précise cependant que ses
membres « sont unis autour de certaines valeurs universelles, la
démocratie, le respect des droits de l'homme et de l'économie de
marché » !
De fait, le G8 joue un rôle actif
dans l'imposition d'un credo et dans le pilotage de la phase
néolibérale de la mondialisation. Il préconise les politiques de
libéralisation fondées sur :
la
prééminence des entreprises multinationales et de l'investissement
privé international (notamment par le statut promu des Investissements
Directs à l'Etranger – IDE),
l'accroissement, la dérégulation et la libéralisation du commerce international,
le désengagement des États et la réduction des dépenses publiques,
les privatisations et la remise en cause du statut du salariat et de l'emploi,
la régulation de l'économie par le marché des capitaux.
En
réalité, les déclarations du G8 ont fortement évolué au fil des années.
On a ainsi observé un glissement assez net, en trois ou quatre étapes,
dans le contenu des déclarations du G8 :
Pendant
les premières années sont abordés les problèmes économiques des pays
participants, dans le contexte de la crise monétaire internationale et
de la crise structurelle. On y détecte un effort de coordination, la
volonté d'éviter les affrontements et le désir de maîtriser de nouveaux
mécanismes, comme celui du flottement du cours des monnaie.
Puis
l'affirmation du néolibéralisme devient le thème central. Une grande
autosatisfaction est alors perceptible : les problèmes (comme
l'augmentation du chômage en Europe) sont reconnus, mais ils confortent
la détermination à aller de l'avant, vers davantage de place aux
marchés.
À
partir du milieu des années 1990, une posture défensive vient se
superposer à cette satisfaction, du fait de la multiplication des
crises monétaires et financières propres au néolibéralisme.
Cette
préoccupation se double finalement de la prise de conscience de la
montée de la contestation et des résistances. Conséquence immédiate,
les communiqués font une part grandissante aux bons sentiments, et ils
se vident ainsi de réelle substance, sauf en ce qui concerne la
promotion de l'économie de marché. Au début des années 2000, on
pourrait désormais croire que la préoccupation numéro un des
gouvernements des principaux pays est désormais la lutte contre la
pauvreté, l'amélioration des conditions de vie et la préservation de la
planète ! Or comment atteindre de pareils objectifs sans régulation
publique ?
Le G8 et les pays du Sud : un credo démenti par les faits
Le
G8 affirme ouvertement que « loin de ne s'intéresser qu'à l'évolution
de la croissance des pays qui le composent ou à la résolution de ses
propres problèmes, le G8 traite depuis de nombreuses années de
questions qui touchent directement les pays en développement ». Le
G7/G8 s'était donné au départ pour fonction d'assurer une coordination
des politiques économiques et des politiques en général, cette dernière
dimension, on l'a dit, n'ayant cessé de s'affirmer au cours des années.
Les premières réunions avaient pour objectif principal la gestion des
problèmes économiques des pays du groupe. Au fil des années, au gré de
l'affirmation du néolibéralisme, il s'est agi davantage de contrôler
économiquement et politiquement le reste de la planète, en créant un
cadre favorable aux intérêts des pays du centre et de leurs couches les
plus favorisées.
La position du G8 à l'égard du Sud évolue suivant les étapes que nous venons d'évoquer.
Nous
avons vu le tournant néolibéral qu'a représenté la politique
monétariste américaine des années 1970. Pour le G7, le message est dès
lors limpide :
les pays de la périphérie doivent aller plus avant dans la libération des échanges et des mouvements de capitaux ;
ils doivent parvenir à l'équilibre budgétaire et, pour cela, mettre en œuvre des « réformes » structurelles.
L'enjeu
est invariable : l'extension à l'ensemble de la planète du terrain de
chasse du capitalisme. Le communiqué de 1995 annonce ainsi qu'il faut
« que les pays soient continuellement encouragés à éliminer les
restrictions posées aux marchés des capitaux » .
En
1998, malgré la crise asiatique, le credo néolibéral est une nouvelle
fois réaffirmé avec la conviction habituelle : 1. la crise est due au
manque de transparence et à la mauvaise gestion des affaires
publiques ; 2. le plan du FMI est la solution à court terme, car elle
répond à la nécessité de veiller à la solvabilité des emprunteurs ; 3.
à plus long terme, il faut renforcer la liberté du commerce et le libre
mouvement des capitaux !
Il est en revanche fait
état de la première prise en considération de la montée des résistances
dans le communiqué de 2000 : « Nous devons reconnaître les
préoccupations que suscite la mondialisation. »
Les
communiqués, sous la pression des mobilisations anti-G8, vont alors
consacrer de plus en plus de place aux recommandations relatives à
l'aide au développement, à l'éducation, à la santé et à la préservation
de la diversité culturelle et de la planète. Le zèle néolibéral cède
ici largement la place à la propagande.
Le discours développe
alors le mythe de l'harmonie universelle : tout le monde profitera du
développement de l'Afrique subsaharienne - qui pourtant voit son
PIB/habitant diminuer de 0,6% entre 1975 et 2004 ; tout le monde
bénéficiera de la préservation de l'atmosphère. Mais le développement
de la périphérie est subordonné à la prospérité des pays du centre :
notre prospérité doit être assurée, car elle conditionne la vôtre !
Des
mesures « généreuses » furent même suggérées, comme l'allégement de la
dette des plus pauvres les plus endettés, annoncé à Cologne, en 1998,
puis son extension, à Gènes, en 2001, à 23 pays. Cette promesse a été
reprise en 2005, à Gleneagles, mais n'a jamais été réalisée réellement
(voir CADTM).
La grande difficulté de
l'appréciation du rôle du G7/G8 réside dés lors dans la confusion
possible entre la parole et l'action, entre ce qui est écrit dans les
textes officiels et ce qui est fait entre deux sommets.
Quels
sont les résultats de la sollicitude du G8 pour les pays du Sud ? Dans
cinq domaines réputés essentiels par les derniers sommets du G8, les
résultats sont désastreux.
Le Sida fait les
ravages que l'on sait, tout particulièrement en Afrique sub-saharienne.
Sa prévention et son traitement ont fait des progrès considérables. Le
G8 est fier d'être à l'origine de la création du Fonds mondial contre
le sida, le paludisme et la tuberculose. Or aucune avancée n'a eu lieu
quant aux médicaments génériques alors qu'il est évident que le coût de
traitement est un élément essentiel dans la lutte contre le virus. De
la même manière, les réseaux de soins ne sont pas mis en place ou vont
se détériorant. Du reste, aucun des huit buts visés par l'Assemblée
Générale des Nations Unies dans ce qu'elle avait dénommé en 2000, les
« Objectifs du Millénaire », pourtant modestes quant à leur
quantification, n'est atteint ; le nombre d'êtres humains souffrant de
la faim, dont la réduction est un de ces objectifs, a même augmenté !
La dette est une entrave considérable au développement. Le G8 en est
parfaitement conscient et s'enorgueillit d'être à l'origine de
l'initiative « Pays pauvres très endettés » (PPTE) qui vise, selon ses
promoteurs, « à rétablir la solvabilité des pays bénéficiaires ». Mais
comment le Sud peut-il supporter 350 milliards de service annuel de sa
dette alors que l'aide publique au développement est sept fois moins
élevée ?
Les échanges continuent d'être, pour le
G8, la pierre philosophale qui devrait répondre aux questions liées au
développement. Le directoire mondial a tout lieu de se réjouir. Les
chiffres sont impressionnants. Rien qu'entre 2003 et 2005, le total des
importations et des exportations est passé de 9 000 milliards de
dollars à 12 000 environ pour représenter plus du tiers du PIB mondial.
Tout devrait donc aller au mieux dans ce monde merveilleux !
La
corruption a été, à juste titre, dénoncée par le G8. Mais, sans parler
de la corruption dans les pays du G8, comment celui-ci peut-il être
crédible dans ce domaine alors que certains pays du G8 continuent de
financer les pires dictatures de la planète, corrompues notoires ?
Alors qu'il ne prend aucune décision à propos des paradis fiscaux ?
Tous les experts les dénoncent pourtant sans ambiguïté comme étant le
vecteur principal de ladite corruption. Enfin le G8 demande aux
entreprises d'adopter une attitude responsable en matière sociale.
Cette requête est d'autant plus fondée que les plus grandes entreprises
mondiales ressortissent des pays qui composent le G8. Mais pour que les
engagements pris soient respectés, encore faudrait-il que soient fixées
des règles impératives et les sanctions dans l'hypothèse où elles ne le
seraient pas. Or les diverses recommandations n'ont aucune valeur
contraignante pour les entreprises.
Comment le
G8 peut-il alors prétendre que les réponses qu'il apporte l'ont été
dans l'intérêt de la planète et de tous ses habitants ?
Pendant
ce temps, la politique états-unienne en Irak n'en finit pas d'aggraver
chaque jour davantage les tensions internationales et le malheur des
populations ; aucune véritable solution n'est proposée pour remédier à
la très grave crise écologique dans laquelle, tous, nous nous enfonçons.
Au
lieu de quoi nous assistons à un non respect répété des résolutions de
l'Organisation des Nations Unies, ou à leur paralysie, dans tous les
domaines où le monde a un besoin urgent de décisions publiques qui
viennent réguler, voire s'opposer, aux décisions des marchés.
Mais
la contestation qui s'affirme dans le mouvement altermondialisation ne
porte pas seulement sur la nature des politiques, donc de leurs
conséquences sur les conditions de vie des populations du monde ; elle
vise la nature même de cette institution mondiale.
2. POURQUOI LE G8 EST-IL ILLEGITIME ?
Les
dirigeants des pays composant le G8 estiment que, au regard de la
puissance économique qu'ils représentent dans le monde, ils se doivent
de tenter de proposer des réponses communes aux questions du moment,
notamment au plan économique. Ils prétendent cependant ne vouloir se
substituer à aucune des organisations internationales précisément
créées dans ce but. Pour autant, le G8 ne cache pas que « son rôle est
toutefois réel et important, parce qu'il a une forte capacité de
concertation et d'impulsion, particulièrement en matière économique, et
qu'une bonne entente entre les membres du G8 est indispensable au bon
fonctionnement des grandes organisations internationales ».
Un
petit groupe de chefs d'État et de gouvernement représentant les
privilégiés de la planète ne peut pas s'arroger le monopole de décider
pour tous.
Le G7/G8 est une des institutions où
se forme ce pouvoir mondial sous hégémonie américaine. Le fait que les
réunions rassemblent directement les chefs d'État et de gouvernement,
qui revendiquent constamment une relation directe, informelle et à
huis-clos montre bien qu'il s'agit d'un lieu privilégié d'élaboration
du consensus qui unit ces pays, en dépit de leurs spécificités.
Les
pays du G8 et ceux de l'Union Européenne, qui est en tant que telle
associée permanente aux réunions du G8 depuis 1977, totalisent en 2004
une production totale de biens et services de quelque 26 000 milliards
$, soit 65 % du PIB mondial ; pourtant ils ne représentent que 13 % de
la population de la planète. Les dépenses militaires de ces pays
représentent en outre environ 60% des dépenses totales dans le monde.
Dans cet ensemble, la part des États-Unis est évidemment prépondérante
(près de la moitié de la production et 60% de l'armement du G7).
Il
y a un déni profond de la démocratie par une institution qui ne connaît
aucun contrôle et qui est coupé de toute instance représentative.
Certes les dirigeants du G8 ont été élus (à peu prêt) démocratiquement,
mais ils ont été élus pour gouverner leur pays et ne sont pas mandatés
pour gouverner le monde ! Le fait que les membres de ce club des riches
et des puissants soient tous, à l'exception du Canada, d'anciennes
puissances coloniales constitue en outre une circonstance aggravante !
Certes
l'ONU n'est pas la panacée et on ne va pas ici développer les défauts,
mais elle a au moins le mérite de la légitimité. En quoi l'ONU et ses
agences spécialisées ne peuvent-elles pas prendre en charge les
questions soulevées par le G8 ? Essentiellement parce que, nous l'avons
vu, les pays riches et les propriétaires du capital ont trouvé avec le
G8 un porte-parole sûr et un ardent défenseur de leurs intérêts.
C'est
pourquoi le mouvement altermondialiste en est venu à mettre en avant
l'illégitimité du G8 à s'arroger un rôle dirigeant dans la conduite
d'une politique mondiale. Attac en avait d'ailleurs fait le coeur de sa
mobilisation en 2003 lors du sommet d'Evian. Nous contestons la
légitimité du G8 et nous demandons donc sa dissolution.
Le
directoire mondial qui s'est autoproclamé tel depuis plus de trente
ans, a gravement failli. Cette faillite s'inscrit dans la suite des
décennies coloniales qui l'ont précédée. Non seulement les peuples sont
fondés à récuser son pouvoir, mais encore doivent-ils leur demander des
comptes. Ce sont bien ceux qui ont largement profité de la
mondialisation néolibérale au mépris des hommes et de la planète.
Et ce n'est pas l'invitation sur la photo de quelques pays du Sud consentants (G20) qui va suffire à rendre le G8 légitime...
Quelques mots sur le prochain sommet du G8...
3. LE G8 2007
Contexte
Le
G8 2007 se tiendra dans la petite station balnéaire de Heiligendamm
(environ 330 résidents annuels), située sur la mer Baltique à une
trentaine de kilomètres à l'ouest de Rostock, qui elle compte 200 000
habitants. Le sommet se déroule du mercredi 6 au vendredi 8 juin. Le
contre-sommet se tiendra lui du samedi 2 au vendredi 8 juin.
Rappelons
qu'Angela Merkel dirige une « grande coalition » SPD-CDU (l'équivalent
d'une coalition PS-UMP) et cherche à se donner une stature
internationale.
D'autant que le contexte
international, depuis deux ou trois ans, est marqué par l'évolution
géopolitique importante que représente l'affaiblissement de l'hégémonie
états-unienne (ce qui ne remet pas en cause sa position dominante) sur
le plan militaire (défaite en Irak), sur le plan économique (Chine et
Inde) et sur le plan idéologique (crise du néolibéralisme), qui se
traduit dans l'affaiblissement de Bush par rapport aux démocrates et
ainsi un certain affaiblissement de son « leadership » mondial..
Par
ailleurs, comme en 1999, l'Allemagne aura les présidences simultanées
de l'UE et du G8 lors du premier semestre 2007. L'Allemagne a
d'ailleurs de grandes ambitions pour profiter de cette occasion pour
ressusciter le Traité Constitutionnel Européen.
Principales thématiques
Le
Sommet du G8-2007 aurait pour thématique centrale la lutte contre la
pauvreté. Angela Merkel voudrait également mettre le réchauffement
climatique au coeur du prochain G8
Les autres thèmes annoncés sont :
l'énergie, le commerce et les enjeux des matières premières ;
le commerce mondial / les droits de propriété intellectuelle ;
l'aide au développement.
Il
faut noter que l'agenda du G8 officiel est susceptible de changements
jusqu'au dernier moment et dépend étroitement de l'agenda politique
international ainsi que des volontés du pays hôte.
Il
faut aussi noter, comme nous l'avons vu, que les déclarations de bonne
intention sont rarement suivies d'effet et que les thèmes
« photogéniques » développés officiellement ne débouchent généralement
sur rien de concret, ce qui fait que les thèmes annoncés pour le
prochain G8 doivent avant tout être perçus comme des thèmes sur
lesquels nous pouvons pointer le projecteur de nos contre-analyses. En
somme, il s'agit de profiter des sommets du G8 pour mettre en lumière
l'échec des politiques menées par ce G8 et développer des
contre-propositions.
4. CE QUE NOUS DEMANDONS
Précisons
d'emblée que nous ne demandons rien au G8, sinon de disparaître. En
revanche, Attac et, au-delà, le mouvement altermondialiste, s'adresse
aux populations et interpelle les gouvernants. N'oublions pas, alors
que la campagne présidentielle domine le « débat politique », que le ou
la présidente, qui sera élue(e) le 6 mai, se rendra au sommet du G8
exactement un mois après.
Nous allons rapidement
présenter contenu du G-Monde, cette déclaration qui avait été adoptée
par tous les Attac du monde lors du sommet d'Evian, en 2003
Cette
déclaration s'adressait aux peuples du monde pour dénoncer les
conséquences des politiques instaurées et imposées par un directoire de
gouvernements qui prétendent gouverner la planète. Il mettait en cause
la responsabilité politique des dirigeants des pays du G8, estimant que
l'injustice qui caractérise l'état du monde n'est pas une fatalité,
mais est la conséquence des politiques économiques et sociales que les
dirigeants du G8 ont imposées : ils en portent la responsabilité
politique première.
La déclaration contestait
bien évidemment la légitimité du G8 et exigeait sa dissolution. Elle
réclamait dans l'immédiat d'autres politiques, parmi lesquelles :
l'annulation de la dette des pays du Sud, déjà payée plusieurs fois ;
la récupération, par les peuples, des détournements et de la corruption en dépôt dans les banques internationales ;
l'interdiction et l'élimination des paradis fiscaux, judiciaires et bancaires ;
la
mise en œuvre d'un programme d'urgence, permettant d'assurer l'accès de
la population mondiale aux services essentiels de base, tel que
préconisé par le PNUD ;
la
mise en œuvre d'un système international de redistribution des
richesses, et particulièrement l'instauration d'un système de taxes
globales, dont la taxe Tobin, et leur affectation au financement du
développement, en commençant par l'accès pour tous aux droits
fondamentaux ;
la subordination des règles de l'OMC aux normes de l'Organisation internationale du travail (OIT) ;
un
moratoire dans la négociation de l'Accord général sur le commerce des
services (AGCS) et, en attendant, la suspension de toute nouvelle
négociation, ce qui impliquait le refus de toutes les offres et
demandes de libéralisation. l'interdiction des organismes génétiquement
modifiés (OGM) dans le domaine de l'agriculture et de l'alimentation.
Le
G-Monde affirmait que ces propositions sont susceptibles d'une
application immédiate mais qu'elles ne sont possibles que dans le cadre
d'un changement de politique, celui-ci ne pouvant résulter que d'une
mobilisation massive des peuples.
Il faisait
donc la transition avec ma dernière partie car comment faire advenir
ces revendications si ce n'est par la mobilisation. C'est pourquoi nous
allons maintenant présenter brièvement l'état des mobilisations contre
le G8 2007.
Juste un mot sur le Manifeste 2007
d'Attac, avant cela, pour vous dire qu'il reprend bien sûr la plupart
de ces revendications et réaffirme la nécessité d'une réforme radicale
des différentes organisations internationales.
5. LES MOBILISATIONS CONTRE LE G8 2007
Précisons que ce contre G8 « tombe » entre le 2e tour de la présidentielle et le premier tour des législatives.
Les principales initiatives du contre-sommet :
A
partir de fin mai, donc en amont du contre-sommet, des Marches contre
la pauvreté, la précarité et les discriminations traverseront l'Europe.
Différents cortèges venant des 4 coins de l'Europe tiendront des
réunions dans les lieux d'étape et en allant auprès des acteurs engagés
localement dans des luttes et tous convergeront vers Rostock la veille
du Contre-sommet, le vendredi 1er juin.
du
vendredi 1er au vendredi 08 juin – des campements alternatifs se
tiendront aux abords de Rostock afin de servir de lieu logistique
d'organisation du contre-sommet [hébergement sous tente, cuisines
collectives, matériel divers, centres Indymédia, etc.] et de lieu de
débats, d'échanges d'informations et de préparation d'actions.
le samedi 02 juin – une grande manifestation, suivie d'un concert, se déroulera à Rostock.
lundi
4 juin : journée sur la thématique des migrations, pour la liberté de
circulation et d'installation, pour des droits égaux pour toutes et
tous.
mardi
5 juin : journée contre le militarisme et la guerre permanente. du
mardi 05 juin au jeudi 07 juin – Sommet alternatif, en parallèle du
sommet officiel (qui se réunit lui du 6 au 8), dont les principales
thématiques devraient être la pauvreté, le climat, l'architecture
financière et économique internationale, la démocratie et les
migrations.
le
mercredi 06 juin – actions de blocage de la zone rouge afin d'empêcher
les délégations des Huit de rejoindre Heiligendamm pour l'ouverture du
Sommet officiel.
le jeudi 07 juin – manifestation et concert final.
Ca
se passe à Rostock, ce n'est pas à côté, donc il faut également
réfléchir à comment mener des mobilisations locales. C'est à vous d'en
discuter maintenant...
OUTILS
Un groupe de travail d'Attac France a mis au point divers outils.
Une newsletter envoie régulièrement des informations (une à deux fois par mois)
Une
liste de diffusion permet à toute personne le souhaitant de recevoir
des informations régulières [trois à cinq courriels par semaine] de
l'état de préparation des Sommet et Contre-sommet du G8. Pour recevoir
ces informations, il suffit d'envoyer un courriel vide à [Email], puis de confirmer dans la minute.
Une liste de travail permet de préparer les mobilisations. Contacter Nikolaz [Email] pour plus d'informations.
Le livre G8 illégitime, publié en 2003 par Attac, est en cours de réactualisation et sortira dans quelques semaines.
Sites internet en français :
www.france.attac.org/spip.php?rubri...
http://anti-g8.effraie.org
Source > Attac-France
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