"Coupez" !
Il restait moins de 15 minutes pour regagner la gare, l'ITW venait de prendre fin.
Dans sa berline, détendu, le blogueur raccompagnait l'équipe de tournage à leur i-TGV de seconde. Lui avait sa place en première. Dans l'ombre de l'embrasure de la porte, à moitié masqué par l'imposante caméra, le journaliste avait longuement regardé, d'un œil aussi curieux qu'interrogatif celui qui n'avait ni format, ni cahier des charges, ni commande, ni dir' prod sur le dos, ni actionnaire ou comité de pétrification lui conter combien il était doux d'être libre. Dans quelques mois, quelques semaines, l'émission sera diffusée. D'ici là le blogueur, comme tant d'autres, aura fait d'autres plateaux, d'autres Unes, levé d'autres lièvres, le sourire toujours aux lèvres. D'ici-là le journaliste aura signé autant de contrat précaires qu'il le peut, passé aussi peu de jours que possible entre deux missions sous-payées, tentant de survivre de son art, en courant, d'une matinale à un prime, toujours derrière la cam'. Toujours laborieux. Journaliste est un formidable métier. Besogneux.
Dans sa berline, détendu, le blogueur raccompagnait l'équipe de tournage à leur i-TGV de seconde. Lui avait sa place en première. Dans l'ombre de l'embrasure de la porte, à moitié masqué par l'imposante caméra, le journaliste avait longuement regardé, d'un œil aussi curieux qu'interrogatif celui qui n'avait ni format, ni cahier des charges, ni commande, ni dir' prod sur le dos, ni actionnaire ou comité de pétrification lui conter combien il était doux d'être libre. Dans quelques mois, quelques semaines, l'émission sera diffusée. D'ici là le blogueur, comme tant d'autres, aura fait d'autres plateaux, d'autres Unes, levé d'autres lièvres, le sourire toujours aux lèvres. D'ici-là le journaliste aura signé autant de contrat précaires qu'il le peut, passé aussi peu de jours que possible entre deux missions sous-payées, tentant de survivre de son art, en courant, d'une matinale à un prime, toujours derrière la cam'. Toujours laborieux. Journaliste est un formidable métier. Besogneux.
Stressés, ils avaient rejoint leur encombrant matos et leurs sièges étriqués, conspuant cet assistante qui ne leur avait rien épargné en achetant des billets retour pour la veille de l'aller. Si. Serein et enjoué, le blogueur pianotait avec allégresse ces quelques mots sans issue préméditée. Bloguer est une addictive et passionnante activité. Dans quelques années, juste après la mort de la télé (notamment) telle que nous la connaissons, un vieux monsieur aux cheveux prématurément blancs dira au toujours jeune barbu combien cette rencontre l'avait marqué. Ce jour-là, il avait pour la première fois de sa vie croisé un freeman. Quand les freemen lui ont piqué sa place, il ne leur en voulut même pas. Il le savait depuis ce jour : le plaisir est dans le camp d'en face, la pluralité, la joix d'émettre, de confronter. Le pire comme le meilleur, la vraie vie, la lumière peut-être. De son camp il ne percevait plus que contraintes et frustrations. Informer et s'élever ne peut se faire en batterie. A l'usine l'on donne plus que l'on ne prend.
Quand annonceurs et actionnaires ont changé leur fusil d'épaule il fut trop tard pour le journaliste. Sa carte de presse exigeait un média d'accueil. Le blogueur, lui, était devenu un média. L'information librement et individuellement publiée avait trouvé et sublimé la voie laissée vacante par l'horreur de monopoles médiatiques de fait, d'économies d'échelle et autre normalisation indécente de l'information.
L'hommédia a de beaux jours devant lui.
La PIL (publication individuelle libre) de belle victoires devant elle.
Le vieux monde croule sous cernes, rides et courbatures.
Ce soir dans ce train capital, un cartedepressé savait.
Il mangeait un sandwich terne et mou.
Ce soir dans ce train capital, un cartedepressé savait.
Il mangeait un sandwich terne et mou.
L'hommedia, au bar, pilait en souriant.
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