Accablant...
Dictature de la calomnie ou Démocratie de déballage ?
Aucune République (digne de ce nom) ne saurait résister à tel scandale...
Le 21 janvier, le général Rondot revient d'un rendez-vous avec Philippe Marland, directeur du cabinet de Michèle Alliot-Marie (MAM), ministre de la défense. "En parler au MD [ministre de la défense] ? Le PR [président de la République] voulait un traitement direct avec D de V [Dominique de Villepin, alors ministre des affaires étrangères] à son seul niveau". Le 28 janvier, il fait à nouveau état "d'instruction du PR" et précise : "avertir MAM (le voit cet après-midi)". Deux jours plus tard, colère de la ministre de la défense, de retour de son rendez-vous à l'Elysée. Le général relève : "MAM a très mal pris la décision du PR que je traite en direct cette opération sans lui rendre compte (…) le même jour, je téléphone à JLG [Jean-Louis Gergorin] : MAM a très mal pris la chose, je pense être débarqué ou je me débarque moi-même". Le directeur de cabinet de Michèle Alliot-Marie lui confie : "il n'est pas sûr que le PR ait abordé le sujet avec MAM (Gal Georgelin [Jean-Louis Georgelin, chef d'état-major particulier de Jacques Chirac] était présent".
10 février-17 mars 2004 : "Mes doutes : montage de JLG ?"
Rendant compte de son entretien avec M. Marland, le 10 février, M. Rondot évoque sa "note de travail n°1" et écrit : "Mes doutes : montage de JLG ?" Il ajoute : "Voir le MD avant, éventuellement le PR", avec néanmoins cette réserve, fondée sur l'épisode précédent : "Risque d'alimenter la méfiance de MAM à mon égard." Cinq semaines plus tard, le 17 mars, après un autre tête-à-tête avec M. Marland, il noteà nouveau : "Mes doutes. En parler au MD ?"
6-21 avril 2004 : "Envisager de décrocher".
Au cours de son entretien hebdomadaire avec M. Marland, le 6 avril, le soupçon suscite une hypothèse audacieuse : "Abus de confiance de JLG : plainte ?" Le 13, le directeur de cabinet est informé de la "persistance de [ses] doutes" et surtout de la "réponse négative des services concernant les comptes". Les instructions de M.Marland sont alors les suivantes : "Couper si aucune confirmation du scénario; prévenir D de V ; compte rendu à MAM". Il inscrit aussi : "Expression de mes doutes mais il y sans doute quelque chose." Apparaît en outre cette mention édifiante : "La filière Sarkozy : Brice Hortefeux (trésor de guerre, selon le Dircab)." 11 mai 2004 : "JLG est quelque peu inquiet". Sur l'insistance de M. Marland – qui a évoqué par écrit, le 24 avril, l'"embarras" causé au général par "les instructions du président de la République de ne référer qu'à lui-même dans cette ténébreuse affaire" –, Mme Alliot-Marie reçoit M. Rondot. Ce dernier note : "Mes doutes : mais qui peut être derrière?", ainsi que cette interrogation : "Le PR si en a pas parlé à MAM – présence du CEMP [chef d'état-major particulier du président]. Plus bas : "Je continue à suivre – de loin! – le déroulement de l'action judiciaire en cours", se référent à l'enquête du juge Van Ruymbeke [VR] sur la vente des frégates de Taïwan. "JLG est quelque peu inquiet", ajoute-t-il.
29 juin-6 juillet 2004 : "La mise en cause de NS".
M. Rondot informe son supérieur qu'il "demande à voir MAM et à être reçu par le PR". Il s'interroge : "Voir D de V avant?" Puis, sur une note datée du 6 juillet : "MAM avertie que le nom de Sarkozy apparaît. Voir le PR?" Le même jour, il voit Mme Alliot-Marie. Il lui fait alors part de la "mise en cause de NS [Nicolas Sarkozy]", en précisant : "Non validation, de mon côté, des informations". En retour, la ministre décide d'ordonner une "vérification du côté [des] services" et de "voir le PR", indiquant au passage : "A vu D de V qui a, lui aussi, des doutes". Au vu des notes du général, ce face-à-face entre Mme Alliot-Marie et M. de Villepin, alors ministre de l'intérieur, est le premier consacré à l'affaire.
19 juillet 2004 : "Le risque : que le PR soit atteint".
Reçu à nouveau par M. Marland, M. Rondot constate qu'il n'a "aucun retour" de la ministre après ses alarmes. Il note "compte rendu au PR", sans préciser si celui-ci a eu lieu ou non. Il note cependant : "Je mets en garde sur les retombées négatives que cela peut avoir sur le PR." Et, plus loin, ces deux mentions : "Apparition des noms de N. Sarkozy" et "D de V : tel le 12/07 pour me voir…", avec cette précision : "Feu vert de MAM pour voir D de V/PR. Ne veut pas s'impliquer." L'entrevue avec M. de Villepin a lieu le même jour. "Pour moi, indique la note de M. Rondot, mes vérifications ne sont pas venues étayer la thèse de JLG (…) Mes doutes et interrogations demeurent. Le risque : que le PR soit atteint." Sous le nom du futur premier ministre, le général a inscrit : "J'ai enquêté selon les instructions; il y a sans doute une part de vérité ; demander à JLG de ne plus bouger, se reposer." Et, surtout, cette phrase lourde de menace, attribuée à M. de Villepin : "Si nous apparaissons, le PR et moi, nous sautons…" Suit aussitôt cette réflexion personnelle : "Mahdi [Imad Lahoud] sait beaucoup de choses de JLG avec implication de D de V et le juge VR ? Protéger D de V et PR." La note signale au passage que M. de Villepin a "demandé une enquête administrative à la DST" et qu'il faut "laisser le juge faire le tri et prévoir ses investigations". Elle pose encore cette lancinante question : "Il y a quelque chose du côté de NS ?"
21 juillet 2004 : "Destruction des notes mémo".
"Protéger le PR", écrit une nouvelle fois M. Rondot, après son debriefing habituel avec M. Marland. Il inscrit aussi cette consigne : "Destruction des notes mémo". Le même jour, il rencontre le général Georgelin. "Je l'informe très partiellement, écrit-il. Montage possible; origine non précisée, je cherche ; Ph. Delmas ? Un leurre ?" Et à nouveau : "Les risques pour le PR. Mon souhait de voir le PR en tête-à-tête." A quoi son interlocuteur Elysée semble lui avoir répondu : "Pourquoi pas canal D de V ?"
1 janvier 2004-23 janvier 2004 : "MAM a très mal pris la décision du PR".
Le 21 janvier, le général Rondot revient d'un rendez-vous avec Philippe Marland, directeur du cabinet de Michèle Alliot-Marie (MAM), ministre de la défense. "En parler au MD [ministre de la défense] ? Le PR [président de la République] voulait un traitement direct avec D de V [Dominique de Villepin, alors ministre des affaires étrangères] à son seul niveau". Le 28 janvier, il fait à nouveau état "d'instruction du PR" et précise : "avertir MAM (le voit cet après-midi)". Deux jours plus tard, colère de la ministre de la défense, de retour de son rendez-vous à l'Elysée. Le général relève : "MAM a très mal pris la décision du PR que je traite en direct cette opération sans lui rendre compte (…) le même jour, je téléphone à JLG [Jean-Louis Gergorin] : MAM a très mal pris la chose, je pense être débarqué ou je me débarque moi-même". Le directeur de cabinet de Michèle Alliot-Marie lui confie : "il n'est pas sûr que le PR ait abordé le sujet avec MAM (Gal Georgelin [Jean-Louis Georgelin, chef d'état-major particulier de Jacques Chirac] était présent".
10 février-17 mars 2004 : "Mes doutes : montage de JLG ?"
Rendant compte de son entretien avec M. Marland, le 10 février, M. Rondot évoque sa "note de travail n°1" et écrit : "Mes doutes : montage de JLG ?" Il ajoute : "Voir le MD avant, éventuellement le PR", avec néanmoins cette réserve, fondée sur l'épisode précédent : "Risque d'alimenter la méfiance de MAM à mon égard." Cinq semaines plus tard, le 17 mars, après un autre tête-à-tête avec M. Marland, il noteà nouveau : "Mes doutes. En parler au MD ?"
6-21 avril 2004 : "Envisager de décrocher".
Au cours de son entretien hebdomadaire avec M. Marland, le 6 avril, le soupçon suscite une hypothèse audacieuse : "Abus de confiance de JLG : plainte ?" Le 13, le directeur de cabinet est informé de la "persistance de [ses] doutes" et surtout de la "réponse négative des services concernant les comptes". Les instructions de M.Marland sont alors les suivantes : "Couper si aucune confirmation du scénario; prévenir D de V ; compte rendu à MAM". Il inscrit aussi : "Expression de mes doutes mais il y sans doute quelque chose." Apparaît en outre cette mention édifiante : "La filière Sarkozy : Brice Hortefeux (trésor de guerre, selon le Dircab)." 11 mai 2004 : "JLG est quelque peu inquiet". Sur l'insistance de M. Marland – qui a évoqué par écrit, le 24 avril, l'"embarras" causé au général par "les instructions du président de la République de ne référer qu'à lui-même dans cette ténébreuse affaire" –, Mme Alliot-Marie reçoit M. Rondot. Ce dernier note : "Mes doutes : mais qui peut être derrière?", ainsi que cette interrogation : "Le PR si en a pas parlé à MAM – présence du CEMP [chef d'état-major particulier du président]. Plus bas : "Je continue à suivre – de loin! – le déroulement de l'action judiciaire en cours", se référent à l'enquête du juge Van Ruymbeke [VR] sur la vente des frégates de Taïwan. "JLG est quelque peu inquiet", ajoute-t-il.
29 juin-6 juillet 2004 : "La mise en cause de NS".
M. Rondot informe son supérieur qu'il "demande à voir MAM et à être reçu par le PR". Il s'interroge : "Voir D de V avant?" Puis, sur une note datée du 6 juillet : "MAM avertie que le nom de Sarkozy apparaît. Voir le PR?" Le même jour, il voit Mme Alliot-Marie. Il lui fait alors part de la "mise en cause de NS [Nicolas Sarkozy]", en précisant : "Non validation, de mon côté, des informations". En retour, la ministre décide d'ordonner une "vérification du côté [des] services" et de "voir le PR", indiquant au passage : "A vu D de V qui a, lui aussi, des doutes". Au vu des notes du général, ce face-à-face entre Mme Alliot-Marie et M. de Villepin, alors ministre de l'intérieur, est le premier consacré à l'affaire.
19 juillet 2004 : "Le risque : que le PR soit atteint".
Reçu à nouveau par M. Marland, M. Rondot constate qu'il n'a "aucun retour" de la ministre après ses alarmes. Il note "compte rendu au PR", sans préciser si celui-ci a eu lieu ou non. Il note cependant : "Je mets en garde sur les retombées négatives que cela peut avoir sur le PR." Et, plus loin, ces deux mentions : "Apparition des noms de N. Sarkozy" et "D de V : tel le 12/07 pour me voir…", avec cette précision : "Feu vert de MAM pour voir D de V/PR. Ne veut pas s'impliquer." L'entrevue avec M. de Villepin a lieu le même jour. "Pour moi, indique la note de M. Rondot, mes vérifications ne sont pas venues étayer la thèse de JLG (…) Mes doutes et interrogations demeurent. Le risque : que le PR soit atteint." Sous le nom du futur premier ministre, le général a inscrit : "J'ai enquêté selon les instructions; il y a sans doute une part de vérité ; demander à JLG de ne plus bouger, se reposer." Et, surtout, cette phrase lourde de menace, attribuée à M. de Villepin : "Si nous apparaissons, le PR et moi, nous sautons…" Suit aussitôt cette réflexion personnelle : "Mahdi [Imad Lahoud] sait beaucoup de choses de JLG avec implication de D de V et le juge VR ? Protéger D de V et PR." La note signale au passage que M. de Villepin a "demandé une enquête administrative à la DST" et qu'il faut "laisser le juge faire le tri et prévoir ses investigations". Elle pose encore cette lancinante question : "Il y a quelque chose du côté de NS ?"
21 juillet 2004 : "Destruction des notes mémo".
"Protéger le PR", écrit une nouvelle fois M. Rondot, après son debriefing habituel avec M. Marland. Il inscrit aussi cette consigne : "Destruction des notes mémo". Le même jour, il rencontre le général Georgelin. "Je l'informe très partiellement, écrit-il. Montage possible; origine non précisée, je cherche ; Ph. Delmas ? Un leurre ?" Et à nouveau : "Les risques pour le PR. Mon souhait de voir le PR en tête-à-tête." A quoi son interlocuteur Elysée semble lui avoir répondu : "Pourquoi pas canal D de V ?"
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