Il y a toujours un fou dans une journée de métro... Quelqu'un qui parle seul et fort, beaucoup trop fort : "je déscends bientôt, celui qui me poursuit, je le déscends, celui qui m'attaque est mort. Qui a envie de mourrir ? Je suis un tueur, lieutenant colonel. Je tue. Vous êtes tous petits, misérables... Qui veut mourrir maintenant ? Avant Moi ?". Il avait les yeux jaunes, et l'index crochu.
Dans d'autres, l'on croise des jazzmen. Il faudrait à chaque wagon son musicien, comme à chaque arrêt survie son lot de clochards. Le métro est mon éxotisme. Dans ces souterrains contemporains grouille une population du future, métissée, disparate, où misère totale côtoie petite bourgeoisie préssée et cadres plus ou moins moyens (...).
[lire la suite de cette note > 21 février 2005]
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Le 28 janvier, l'an passé, j'intitulais "Nue" une note...
L'occasion d'une rediff' de plus :)
Le carnet à la main, j'attends ma ou mon "croqué".
La rame est enfin là. Suspens. Choisir son wagon. S'asseoir. Choisir un regard...
Il a l'œil dur et profond d'un vieil instituteur, le collier fourni et la mèche rebelle, tout de blanc poilu, son front n'a pas poussé, il s'est juste attiché de quelques rides d'expression qui tendent à lui donner un air "intelligent".
L'homme est passé, lui a tendu son gobelet y agitant deux-trois piécettes orangées dans l'attente d'un geste.
Il a baissé la tête. Son oeil n'est plus dur, son regard n'est plus profond, il a cette gêne en surface, sans doute autre chose qu'une bête culpabilité... Quoi que...
Quand la bande de jeune est rentrée, il a discrètement fait glisser sa sacoche entre ses jambes, les a resserrées, a regardé ailleurs.
Ils étaient bruyants ; leur survet' fluo aurait pourtant suffit à ce que leur présence soit une évidence.
Ménilmontant.
Ils sont descendus en chahutant.
L'homme a levé les yeux vers eux. Ils étaient gris, aigris, presque noirs. Quand ils se sont éloignés ses lèvres ont chuchoté quelque chose de vilain. J'ai cru y lire "racailles".
Et moi qui lui avait trouvé un air "intelligent"...
Je m'étais égaré...
Ces rides là sont celles de la frustration, de celles qui vous changent un homme.
Méritait-il mon attention ?
Ce faisant, je ne l'avais même pas vu...
Assise là, un rang derrière, le corps ramassé sur elle même, de celles qui si elles le pouvaient disparaîtraient le temps de ces voyages en commun.
Belle.
Elle paraissait fragile...
Elle a levé les yeux et je me suis retrouvé démuni.
les mots ne sont rien fasse à l'émoi.
Alors j'ai, à mon tour, baissé le regard.
J'avais ces ridicules ridelles qui s'immisçaient sur mon visage rougissant.
Ces rides là, si elles l'avaient pu, lui auraient dit :
"Pardon, mes yeux vous ont déshabillée.
Mais vous étiez si belle.
Nue"
Je suis assez d'accord. Le métro est parfois notre ouverture sur le monde, notre récréation, et quelques fois une grande claque dans la figure.
Cet endroit a aussi su relancer notre goût pour la lecture ;)
Rédigé par : Sam | dimanche 29 janvier 2006 à 23:43
C'est beau ! Enfin quelqu'un qui parle du métro comme je le vois aussi. Peut-être parce qu'on est des provinciaux d'origine ? Je suis jalouse aussi pour la photo.
PS : superbe mise en page. Mais on s'y perd entre tes blogs ! C'est comme la RATP ? il y a des lignes et des stations de changement ? Bises.
Rédigé par : isabelle | lundi 30 janvier 2006 à 09:45
Sam > c'est l'endroit où l'on a le temps. Le lieu ou l'on voit ceux que l'on ne regarde pas le reste du temps... oui :)
Isa > Merci toi ;) t'es répondu sur l'article d'origine également !
Pour faire simple : dans la semaine la redirection sera en place, et tu arrivera ici en tapant www.nuesblog.com / Ce blog est double, les "brêves" sont dans son petit frère (lien à droite) /l'ancien "nues" retrouvera son adresse .over-blog.com et deviendra un digest hebdo dès cette redirection effective. La RATP doit faire plus simple ! hihi
Rédigé par : Nico | lundi 30 janvier 2006 à 09:50
surtout "moyens"... très moyens..
Rédigé par : Verso | lundi 30 janvier 2006 à 14:23
Cécile.. j'ai po compris !
UPDATE > "Dans ces souterrains contemporains grouille une population du future, métissée, disparate, où misère totale côtoie petite bourgeoisie préssée et cadres plus ou moins moyens."
donc oui, très très moyens :)
Rédigé par : Nico | lundi 30 janvier 2006 à 14:27