"Les ministres échangent beaucoup de coups de téléphone depuis hier. Dans leurs conversations revient ce qu'ils présentent désormais comme une certitude: Jacques Chirac a pris sa décision, il va se séparer de Dominique de Villepin.
[img] Le président de la République considère, selon l'un de ses confidents, que son premier ministre n'a plus les moyens de relancer l'action gouvernementale, qu'il n'a plus l'autorité pour imposer ses choix à ses ministres, qu'il n'a plus la crédibilité pour les expliquer à l'opinion publique. Un ministre assure que l'épisode du CPE avait déjà condamné le chef du gouvernement dans l'esprit de Jacques Chirac, l'affaire Clearstream ne faisant que renforcer ce qui était déjà acquis.
A ce propos, le président de la République a confié son trouble à l'un de ses interlocuteurs, jeudi, à l'issue de la conférence de presse mensuelle du premier ministre. Le chef de l'Etat a jugé que compte-tenu des différences entre sa version et celle du général Rondot, compte-tenu aussi des variations dans ses propos successifs, notamment sur le fait que le nom de Nicolas Sarkozy ait ou non été cité lors de la fameuse réunion du 9 janvier 2004 - le maintien de Dominique de Villepin a Matignon n'était plus possible.
Quand opérer le changement? Au profit de qui? Dans les sphères du pouvoir, il semble acquis qu'à défaut d'être immédiat, le chef de l'Etat semblant vouloir ménager les apparences, le remplacement devrait tout de même intervenir au plu tard d'ici à la fin du mois de mai. Quant au nouveau titulaire du poste, tout le monde en est aujourd'hui réduit aux conjectures.
Personne n'écarte l'hypothèse de voir le chef de l'Etat en appeler à Nicolas Sarkozy, lequel alors serait confronté à une équation très complexe. Un ministre avance un autre pronostic. "Le seul souci de Jacques Chirac, ce sera d'avoir la paix", dit-il. Ce qui dessinerait selon lui le profil d'une personnalité aujourd'hui en retrait et jouissant d'un lien personnel solide avec Jacques Chirac.
Alors qui? Si vous avez des idées, allez-y... "
"Une brume épaisse s'est installée, ces dernières heures, sur la scène politique. Une tentative de clarification parait donc bien venue.
Prié de commenter, hier, les rumeurs concernant un départ du premier ministre [ndlr > j'ai personnellement appelé l'Elysée en leur demandant de 'démentir ces rumeurs' ce que 'l'attachée de presse' a refusé de faire] l'entourage du président de la République a dit ceci: "Le président fait une confiance pleine et entière à Dominique de Villepin et à son gouvernement." L'existence même de ce qui se veut une mise au point vient souligner l'acuité du problème. C'est bien parce que beaucoup de gens doutent de la permanence de la confiance qu'il faut la réaffirmer. Et si beaucoup de gens doutent, c'est donc qu'il y a matière à douter. Au bout du compte, ce genre de phrase dessert celui qu'elle prétend aider. C'est un grand classique de la politique de mourir sous les fleurs. Quand on commence à vous en donner, il faut se méfier. Des fleurs à l'enterrement, il n'y a jamais beaucoup de distance.
Une lecture prudente de la phrase présidentielle s'impose d'autant plus que d'autres éléments sont apparus durant le week-end.
L'entrevue du président de la République avec le président de l'UMP, vendredi, continue de susciter sa part d'écho. Le journal Le Monde assure que Jacques Chirac aurait évoqué avec Nicolas Sarkozy sa possible nomination à Matignon. Le journal du Dimanche parle, lui, du pacte Chirac-Sarkozy au terme duquel les deux hommes seraieent convenus de "prendre toute décision ensemble".
Toutes ces informations sont distillées à la presse par l'entourage de Nicolas Sarkozy. Elles sont peut-être vraies, peut-être fausses. Il n'en reste pas moins que l'homme fort de la majorité aujourd'hui, c'est Nicolas Sarkozy. L'interlocuteur principal pour Jacques Chirac dont le seul souci désormais est de bien terminer son quinquennat, c'est Nicolas Sarkozy.
Ainsi, le numéro deux du gouvernement apparait comme le numéro un dans les faits. Ceci, bien sûr, vient saper l'autorité du chef du gouvernement. En outre, ce dernier connait des relations compliquées avec les autres poids lourds de son équipe. Jean-Louis Borloo, furieux d'avoir été méprisé et mis à l'écart durant toute l'affaire du CPE, ne parle pratiquement plus au premier ministre. Fait significatif: jeudi, lors de la conférence mensuelle de Dominique de Villepin, il est arrivé ostensiblement en retard et s'est assis tout au bout de l'estrade alors que son rang protocolaire le place habituellement aux côtés du premier ministre.
Michèle Alliot-Marie, elle aussi, a fait connaitre sa colère à propos du dossier Clearstream et ses relations avec Dominique de Villepin, qui n'étaient ddéjà pas bonnes, sont devenues franchement exécrables.
Thierry Breton, ministre de l'Economie, s'alarme lui, en privé, du retard pris pour les arbitrages budgétaires qui sont à rendre en prévision de la confection du budget 2007. Un budget difficile, qui doit à la fois programmer d'importantes économies pour tenter de contenir un déficit toujours en hausse et présenter suffisament d'attrait pour ne pas détourner l'électeur qui doit se rendre aux urnes l'année prochaine. Cette équation laisse penser à beaucoup, et à Thierry Breton le premier, que Dominique de Villepin n'a plus la force ni l'autorité pour résoudre cette difficulté.
Dominique de Villepin lui-même avait proposé, avant l'explosion du dossier Clearstream, le schéma suivant à Jacques Chirac. Il voulait remanier son équipe, y faire entrer quelques jeunes députés qui auraient incarné la vigueur supposée de la majorité. Il voulait matérialiser ce changement dans un nouveau discours de politique générale qui aurait marqué, grosso modo, son année de présence à l'Hôtel Matignon.
Ce scénario parait à tous aujourd'hui irréalisable. Prononcer un nouveau discours de politique générale alors même qu'une instruction judiciaire est ouverte, qu'une menace judiciaire plane tous les jours sur le gouvernement et sur son chef, serait courir le risque d'un ridicule dont souffrirait au premier chef le président de la République.
Dès lors, Dominique de Villepin, confronté à une situation d'impopularité maximale dans les annales de la V° République, se trouve démuni des moyens de relancer son action, de montrer aux Français qu'il tourne la page et qu'il peut désormais se concacrer efficacement à une nouvelle phase de son action.
Enchainés les uns aux autres, la totalité de ces éléments témoigne de l'urgence pour le pouvoir de procéder à des changements importants. Qu'est-ce qui pourrait aujourd'hui l'empêcher de passer à l'acte? Seulement et uniquement le refus du président de la République qui, pour des raisons alors mystérieuses et qu'il lui reviendrait d'expliquer, préférerait, dans l'incompréhension générale de ses propres amis, garder encore Dominique de Villepin à Matignon pour souffrir avec lui et pour lui."
> Source : Les derniers jours du gouvernement Villepin (1 et 2) par Jean-Michel Aphatie, Journaliste au Parisien, à l’Express, au Monde, à France Inter, a également travaillé au Journal du dimanche, chef du service politique de France Inter (1999) ; actuellement chroniqueur à RTL. Christophe, t'en penses quoi ? (et moi je retourne à mes merguez)
des merguez !
Rédigé par : benito | dimanche 07 mai 2006 à 17:53
La santé mentale d’un peuple finit toujours par évacuer une décennie à la Berluskozy de matraking politique dans laquelle tous les médias publics et privés ne se trouvent qu’entre les mains d’un seul homme ou de ses serviteurs. Le système de pensée-unique d’avant la chute du Mur de Berlin, et pour les pays de “l’ouest” qui a encore cours 20 ans après la Chute du Mur de Berlin, semble toucher à sa fin. La dernière pensée unique courante construite pour servir la globalisation galopante qui ne remplit que le porte-monnaie des acteurs hedgeurs et donc pour enliser le peuple dans une peur et une soumission à toute dérégulation et précarisation, cette dernière pensée unique va aussi s’écrouler. Bush-père disait en 89 au Congrès lors du Discours sur l’état de l’Union (USA) “we won the cold war”. Que m’étais-je gaussé en n’entendant que tout ceci; l’hémisphère riche n’avait rien gagné du tout, “Micha” était juste mort en face du block des riches. Nous croyons ainsi alors récolter “les dividendes de la paix”, mais surtout d’un système économique déprédateur, nous avons violement enfoncé l’humanité dans une course à la croissance sans réponse sociétale. Le peuple, depuis les débats préalables au référendum du 29 mai 05 pour la France par exemple, s’est mis à réfléchir sur la société dans laquelle il veut vivre. Enarques et médias, mais aussi les quadras, qui ne pensent qu’à dégommer, mus par un oedipe d’éclusier, les septas, n’ont qu’à bien se tenir à présent, leur règne se termine. Es ist vollbracht (Mattheus Passion, JS Bach).
Rédigé par : Hussinetz Thomas | lundi 08 mai 2006 à 07:51