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(Episode 1 / Episode 2 / Article initial ici.)
Dans les bois de Vincennes, il y a des hommes. Il sont “à peu près 250" selon ceux qui y vivent. “On parle en centaines” selon Médecins du Monde. Ce soir nous étions dans les bois avec Francis. Maçon. Dans la rue depuis 81. Viré à 46 ans. Trop vieux. En janvier 2007, Dédé - avec qui il se fait une religion d’être fâché, pour des raisons obscures - lui lègue sa maison quand “il part”. Si j’ai bien compris, Dédé est parti à 200 mètres. Dans les bois. Là. A côté. Mardi, on va faire un barbecue. Avec des chipos. Parce que, l’autre, celui qui ressemble à un barbu anti-bush primé, le fan de foot, il “a plus de dent. Enfin, si, deux”.
Ils ont des papiers. Du caractère aussi. Et la maison à 15 Euros, Francis, ça ne l’inspire pas. Il sait compter Francis. Il a fait sa maison, solide - enfin, c’est celle de Dédé, mais qui n’était pas solide à l’époque - avec trois épaisseurs de bâche. Et puis il y a ce lieu magique, ce théâtre du soleil et celle qui ne veut pas que l’on dise son nom. Ce lieu vraiment magique. Et Médecin du Monde. Eux “ont une carte” du village. Qu’ils ne montreraient pour rien au monde. Et ils ont raison. Dans le camion de la maraude qui ressemble à s’y méprendre à ceux des Nations Unis il a aussi le bénévole qui - “en fait je vous dit tout, je suis réal, je suis là en sous-marin” - sait toujours ne pas se placer dans l’axe de la caméra. Et il y a Magali, 23 ans, journaliste. Et le petit frère de Sébastien Chabal qui tape compulsivement ces lignes
Dans les bois de Vincennes il n’y a pas un écosystème, il y a des écosystèmes. Et c’est comme ça “dans tous les bois”. Il ne sont pas emmerdés par les flics “ni par la gendarmerie” qui les connaissent et s’en sont fait une raison. Et tant mieux. Eux veulent une vraie maison. Mais leur maison. Envie de problèmes de voisinages. Pas de soucis de communauté. Dans les bois, on dresse des palissades, par dessus lesquelles chacun veille avec une très pudique attention sur le voisin. Et ne l’avouera jamais. C’est que, les voisins, dans les bois, parfois, ça meurt l’hiver. Et l’été on les oublie.
On espère vous livrer un reportage vidéo en plusieurs épisodes, pour prendre le temps. j’avais envie ou besoin de vous glisser cela, de vous dire que le réal n’aimait pas le docu des Don Quichotte (gratuit sur Daily, puis retiré, sponso Kassovitz) mais qu’il ne l’avait jamais vu. Que les hommes des bois ont un portable. c’est vital le portable. Bienvenue à Paris. Nos réfugiés sont français. les “réfugiés du pouvoir d’achat” ? La société, ils ne la refusent pas, mais il n’en ont plus les moyens. Et elle non plus.
Leur problèmes ne sont pas récents. La solution n’est ni simple ni pour demain. Nous n’apporterons guère mieux que quelques chipolatas à tout cela, Mais ce sera sur Daily et sur d’obscurs serveurs 2.0 et un jour, un gars à l’Ina va se dire “et ça, je garde” ? Et Francis, ça lui plait assez cette idée. A moi aussi (...)
Nous sommes retournés dans les bois, un midi, pour
retrouver
Francis, rencontrer Dédé et partager un barbecue avec eux, aux sons des
cordes de Bako (dont on vous reparlera prochainement) qui a volontiers
quitté son studio d'enregistrement pour quelques heures.
Concert improbable, où la guitare se mêlait aux cris
des oiseaux (il y a des mouettes à Vincennes).
Dédé le laborantin en pâtisserie,
appuyé à son cadis-canne, est un amoureux de la terre
et un fan inconditionnel de RTL. Il ne rate jamais ses programmes favoris ! Dix ans,
qu'il oscille, de fossés en tentes bâchées, dans les
profondeurs des bois parsiens.
Francis est toujours aussi fier de sa maison.
Quand elle sera achevée, ce sera un "véritable
chalet". Il en a déjà
trouvé le nom, mais il
préfère le garder secret. Sur le chemin du retour,
Francis a tenu à nous accompagner jusqu'à l'arrêt de
bus. Il a noté l'adresse du six35, pour aller voir le
reportage, au théâtre du soleil, où il passe
souvent ses après-midi.
Derrière les rideaux des arbres touffus, nous avons fait ces rencontres passionnantes... Pas sûr, que nous n'y retournerons pas, prochainement...
Bravo pour vos 3 reportages, je suis vraiment touché, pas facile de voir la vérité en face, pourtant c bien "le monde dans lequel nous sommes", façonné à l'image de l'homme.
Laissons parler notre cœur avant de nous laisser complétement bouffer par notre égocentrisme.
Bonne Chance
Xavier.
Rédigé par : xavier | 13 mai 2010 à 09:59